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Un spectacle très librement inspiré de nos lectures de Faust et du Maître et Marguerite
Création 2017 – exploitation 2017/2020
90 représentations
Une petite histoire pour commencer
On nous a raconté qu’autrefois, dans la cave sombre de notre maison des Hautes Alpes, vivait un pauvre cordonnier avec toute sa famille. Quand on passait devant, on entendait toujours rire et chanter à l’intérieur. Et puis un jour, une femme est arrivée par la passerelle, au bas du village. Elle portait une robe avec des miroirs et des bracelets. Elle est entrée dans la maison. Elle a jeté un peu de poudre de perlimpinpin dans le feu et elle a dit, en désignant le sol de terre battue : « Là-dessous, il y a un trésor. »
Alors, toute la famille s’est mise à creuser, mettant toute la baraque sens dessus dessous, sans jamais rien trouver. Et depuis, quand on passait devant la maison, à l’intérieur, ça ne chantait plus du tout.
Le diable adore qu’on le vouvoie
Deux garçons assis au bord d’un lac. Hier ils étaient déjà là et demain ils y seront encore. Si y en n’a pas un qui se décide à faire quelque chose, ça peut durer longtemps comme ça.
Sur les deux, on ne sait pas lequel est qui. L’Un se dit le meilleur ami de l’Autre, mais c’est plutôt l’Autre qui n’arrive pas à se défaire de l’Un. En tout cas, l’UN ne va pas sans l’Autre. Mais il y en a un qui a bien du souci à se faire. Et c’est pas forcément celui qui le dit.
C’est une jeune fille sortie de « Dieu sait où ? » qui va éclaircir tout ça. En leur disant à tous les deux « Diable, que faites-vous là ? », l’Un va croire qu’elle s’adresse directement à lui, et le voilà nommé tel qu’il est ! Car le diable adore qu’on le vouvoie. Et le voilà réduit au rôle du mauvais copain de la bande ! Car la malice glisse sur cette jeune fille comme la pluie sur les ailes du canard.
Une bande de petits diables
Le chat n’a que faire des souris mortes est un spectacle très librement inspiré de nos lectures de Faust et du Maître et Marguerite.
Plutôt que d’aborder le mythe d’un point de vue sociétal ou religieux, et comme le spectacle s’adresse en priorité aux enfants, nous avons choisi de le faire autour de quatre figures de l’adolescence, ce moment d’extrême fragilité de l’existence où toute la vie peut basculer d’un côté comme de l’autre.
Même s’ils n’en portent pas les noms, voilà comment les personnages de la pièce pourraient s’apparenter à ceux de l’œuvre de Goethe.
Faust a les traits d’un adolescent en proie au doute et à la mélancolie, qui ne parvient pas à trouver un sens à son existence et qui s’est réfugié dans la solitude, à l’écart du monde.
Profitant de cet isolement, il va être abordé par Méphisto qui a les traits d’un autre adolescent, peut-être le double de Faust, qui va exercer sur lui une emprise dont il ne parviendra pas à se défaire. Il se prétend son meilleur ami, et s’il lui fait tant de mal, ce n’est que dans le but de lui sauver la vie.
Ils rencontrent ensemble Marguerite, une jeune fille tombée de « Dieu sait où ? », qui vit seule dans sa chambre et qui, pour tromper l’ennui et l’impatience, passe son temps à zigouiller des petits chats. Cette jeune fille semble douée de pouvoirs magiques qui la dépassent et dont elle ne sait que faire, et sur lesquels ceux du diable ne peuvent agir.
Et il y a enfin la figure d’une autre jeune fille, qui dissimule sa personnalité en se métamorphosant en plusieurs personnages, composant ainsi l’aréopage qui accompagne Méphisto dans sa diabolique entreprise, et qui finira par se détacher de lui en devenant d’abord l’amie de Marguerite et enfin elle-même.
Le diable connaît la chanson
Ce qui nous intéresse le plus dans la figure du diable, ce n’est pas celle du tentateur mais de celui qui est tenté par l’homme, cet être si démunie de tout qui parvient malgré tout à prendre en main son destin, et cela aux pires moments de son existence. Il y a, au cœur de chaque homme, une petite flamme d’humanité qui échappera toujours aux feux de l’enfer. C’est cette petite flamme que le diable jalouse par-dessus tout.
Dans le spectacle, cette petite flamme s’exprime sous la forme d’une petite chanson que l’Un a cru entendre murmurer à l’intérieur de l’Autre. C’est cette chanson qu’il aimerait lui entendre chanter afin de lui dérober, en échange d’une histoire d’amour avec une jeune fille. Mais comme l’Un chante comme une casserole, l’histoire d’amour est condamnée à mourir.
Comme on est au théâtre et qu’il y est sans cesse fait référence au cours du spectacle, cet amour sera sauvé in extremis par le dernier mot de la pièce, que la jeune fille retiendra sur les lèvres de l’Autre par un baiser, afin que leur destinée ne s’achève pas tragiquement au tomber du rideau.
Un garçon entre sur scène, suivi d’un Autre.
L’UN : C’est ici !
Il se tourne vers l’Autre.
L’UN : Mets-toi là !
L’Autre s’y met.
L’UN : Redresse-toi !
L’Autre se redresse.
L’UN : Serre les jambes !
L’Autre serre les jambes.
L’UN : Penche la tête sur le côté !
L’Autre penche la tête sur le côté.
L’UN : Écarte les bras !
L’Autre écarte les bras en croix.
L’Un tombe à genoux aux pieds de l’Autre.
L’UN : Seigneur !
Un temps.
L’AUTRE : Relève-toi !
L’UN : Pardonne-moi !
L’AUTRE : Te pardonner de quoi ?
L’UN : Pardonne-moi tout de suite !
L’AUTRE : Tu m’as rien fait de mal.
L’UN : Pardonne-moi, je te dis.
L’AUTRE : Mais j’ai rien à te reprocher.
L’UN : Pardonne-moi, crétin !
L’AUTRE : Pourquoi je devrais te pardonner ?
L’UN : Parce que je suis un odieux personnage !
L’AUTRE : Qu’est-ce que j’en sais, moi ?
L’UN : Y a pas pire type que moi.
L’AUTRE : Odieux, c’est pas écrit sur la tête des gens.
L’UN : Tu peux me croire sur parole.
L’AUTRE : Prouve-le !
L’UN : Ne me demande pas ça !
L’AUTRE : Si tu veux être pardonné, faut d’abord que tu commettes une faute.
L’UN : Ah bon ?
L’AUTRE : Eh oui ! Sans la faute, pas de pardon !
L’UN : Je savais pas, moi.
L’AUTRE : Sinon, ça servirait à quoi, le pardon, si y avait pas la faute ?
L’UN : Mais c’est qu’après, je risque vraiment d’être impardonnable.
L’AUTRE : Je veux rien savoir, moi.
L’UN : Tu m’as pas vu à l’œuvre.
L’AUTRE : Allez, vas voir là-bas si j’y suis !
L’UN : Bon ! Mais faudra pas venir te plaindre !
L’AUTRE : Et dépêche-toi ! Parce que j’ai mal aux bras, là.
L’UN : Tu l’auras voulu.
Il se lève.
L’UN : On en apprend tous les jours !
L’AUTRE : Les bras m’en tombent.
L’Autre baisse les bras. Il sort.
Texte : Philippe Dorin
Mise en scène : Sylviane Fortuny
Jeu :
Déborah Marique
Noé Mercier
Juliette Prier
Johann Weber
Assistante à la mise en scène : Carole Got
Scénographie : Sylviane Fortuny et Sabine Siegwalt
Lumières : Kelig Le bars
Costumes : Sabine Siegwalt
Musique : Catherine Pavet
Magie : Benoit Dattez
Vidéo : Matthieu Berner
Régie Générale et régie lumière : Jean Huleu, Léo Grosperrin et Lucien Vallé
Régie plateau : Frédérique Melin
Construction du décor: Ateliers du Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis
Visuel, Graphisme : Ludovic Bronner
Photos : Anne Sendik
Administration / production : Agnès Carré
Diffusion : Simon Gelin
Texte publié à L’école des loisirs – théâtre
Partenaires
Production déléguée : pour ainsi dire
Coproduction : Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national de Saint-Denis ; Théâtre des Bergeries – Noisy-le-Sec ; Théâtre des Quatre saisons –Gradignan ; festival théâtral du Val d’Oise
Avec l’aide de la région Ile de France
Avec le dispositif d’insertion de l’École du Nord, soutenu par la région Hauts-de-France et la DRAC Hauts-de-France
Avec le soutien du T2G, centre dramatique national de Gennevilliers
Malicieux en diable !
Deux filles, deux garçons et la petite ritournelle théâtrale de Dorin peut commencer.
Un petit air de danse, de la lumière, quelques mots et un espace ouvert où tout peut advenir. On aura reconnu le protocole de jeu cher à l’auteur Philippe Dorin, et à sa complice, la metteure en scène Sylviane Fortuny qui, uniques en leur genre, s’ingénient à chaque nouveau projet à interroger avec malice et poésie le présent du théâtre. Quitte à le déconstruire sans craindre d’embarquer à leur suite les enfants, trop contents des tours imprévus que prend alors l’histoire. Cette fois, ils s’inspirent de l’envoûtant Maître et Marguerite de Boulgakov et du Faust de Goethe dont ils parsèment la scène d’échos lointains, comme ces deux gars, assis devant un lac et ce chat qui rode. « Diable, que faites-vous là ? » leur demande une jeune fille surgit d’on ne sait où. Bien malin qui le dira. Il émane de ces chassés-croisés un charme plein d’une enfantine malice. L’espace est de toute beauté. Les interprètes sont parfaits.
Maïa Bouteillet, Paris-Mômes – avril 2018
« Très librement inspiré » de leurs lectures de Faust et du Maître et Marguerite, Le chat n’a que faire des souris mortes est une nouvelle étape pour Sylviane Fortuny et Philippe Dorin dans leur exploration commune de l’adolescence. S’ils ont choisi ce thème et ces lectures préparatoires, c’est bien pour aborder, comme ils le disent eux-mêmes « ce moment d’extrême fragilité de l’existence où toute la vie peut basculer d’un côté comme de l’autre ». A l’image de l’adolescence, ce spectacle est fort de l’énergie qu’il dégage et son Faust, qui est ici un adolescent mélancolique, est tour à tour inquiétant et attendrissant. Méphisto, un autre adolescent, s’approche de lui quand apparaît un troisième personnage. Entre en scène Marguerite, qui, elle aussi, s’ennuie. Un quatrième personnage, une énigmatique jeune fille qui, tour à tour, prend des apparences diverses.
La suite est virevoltante. Au cœur de cette intrigue, une chanson que Méphisto aimerait entendre chanter afin de la dérober au jeune Faust de la pièce, en échange d’une histoire d’amour avec une jeune fille. Sylviane Fortuny a choisi de jeunes interprètes de talent, pleins de fougue, pour apporter à cette fable sur l’adolescence toute la crédibilité dont elle doit avoir besoin au plateau. L’ensemble est soutenu par une très élégante scénographie et une recherche allégorique sur la vidéo qui nourrit en poésie ce très beau travail au plateau. »
Cyrille Planson, « Théâtres(s) » – mars 2018
Il y a l’Un et l’Autre, ou inversement. L’Un pourrait s’appeler Meister (Maître), Le Diable ou Méphistophélès … L’Autre, un solitaire mélancolique, Pierre, Paul, Jacques ou Seigneur. Ce qui est sûr, c’est « Que l’un ne va pas sans l’autre », de bon ou de mauvais gré. Sous les traits de deux adolescents, ces deux personnages rencontrent deux jeunes filles, l’une se transforme, l’autre s’ennuie malgré ses pouvoirs magiques … De ces fragments, inspirés du Faust de Goethe et du Maître et Marguerite de Boulgakov, Philippe Dorin, sur une mise en scène de Sylviane Fortuny, ouvre la porte aux possibles de l’existence, à l’instant où tout peut basculer. Comme une peinture, le spectacle se compose par touches où pêle-mêle fragilité, fascination, petite chanson intérieure, amour et importance du rire sont évoqués. Du théâtre pour jouer tout simplement à être.
Françoise Sabatier-Morel, « Télérama-Sortir » – 30 novembre 2017
DIABLE, QUEL DORIN !
Depuis plus de vingt ans, la compagnie « pour ainsi dire » impose son style poético-métaphysique sur la scène jeune public grâce au tandem créatif constitué de Philippe Dorin (auteur) et Sylviane Fortuny (metteuse en scène).
Le chat n’a que faire des souris mortes (paru à l’École des loisirs) se jouait début novembre au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis. Cette fois-ci, Sylviane Fortuny et Philippe Dorin ont puisé leur inspiration chez Goethe (Faust) et chez Boulgakov (Le Maître et Marguerite) : du moins c’est ce qu’ils prétendent, car un fin connaisseur de ces monuments de la littérature pourrait rester sur sa faim …
Ce qu’il en subsiste ? Un on-ne-sait-quoi de diabolique, au confluent de la farce, du fantastique et du questionnement existentiel. Le diable de Dorin est capricieux, bien plus qu’il est cruel : il aime jouer avec la souris et il la veut vivante ! Le diable de Dorin est un expérimentateur : ce qu’il fait, il le fait pour voir, juste pour voir …
Mais il ose tout !
Le diable est sceptique avant tout : il confond volontairement le bien et le mal. Grand pédagogue, il œuvre à la désorganisation du monde … pour qu’il s’ouvre sur l’impossible, l’insensé !
Fanny Carel et Sibylle Lesourd, « La Revue des Livres pour Enfants » – janvier 2018
Bien malin qui saurait dire de quoi parle la nouvelle pièce de Philippe Dorin… Plus bavard que d’habitude, Dorin cultive son propre nonsense avec l’art qu’on lui connaît. (Sibylle Lesourd)
Saison 2019 / 2020 : Nogent-sur-Marne (94) – La Scène Watteau, scène conventionnée / Meudon (92) – Espace culturel Robert Doisneau / Créteil (94) – MAC, scène nationale / Le Kremlin-Bicêtre (94) – ECAM / Meylan (38) – L’hexagone, scène nationale (annulé) / Pantin (93) – Théâtre Au fil de l’eau (annulé)
Saison 2018 / 2019 : Mulhouse (68) – La Filature, scène nationale / Toulon (83) – Théâtre Liberté, scène nationale – en co-accueil avec le Pôle Jeune Public du Revest / Vitry-Sur-Seine (94) – Théâtre Jean Vilar / Maubeuge (59) – Le Manège, scène nationale / Saintes (17) – Le Gallia, scène conventionnée / Châtellerault (86) – Les Trois T, scène conventionnée / Foix (09) – scène nationale de Foix et de l’Ariège
Saison 2017 / 2018 : Saint Denis (93) Théâtre Gérard Philipe, centre dramatique national / La Roche-sur-Yon (85) Le Grand R, scène nationale / Festival théâtral du Val d’Oise (95) Saint-Ouen-l’Aumône – L’Imprévu, Argenteuil – Le Figuier Blanc, Taverny – Théâtre Madeleine Renaud / Pont-L’Abbé (29) Le Triskell, dans le cadre du festival Théâtre à tout âge – Très Tôt Théâtre – Quimper / Tulle (19) Les Sept Collines, scène nationale Brive – Tulle / Albi (81) La scène nationale / Gradignan (33) Théâtre des Quatre Saisons / Toulouse (31) TNT, Théâtre National / Fos-sur-mer (13) Le Théâtre – Scènes et cinés / Marseille (13) Théâtre Massalia / Noisy le sec (93) Théâtre des Bergeries / Tremblay-en-France (93) Théâtre Louis Aragon, scène conventionnée / Gennevilliers (92) T2G, centre dramatique national - Maison du développement culturel
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