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Nouvelle création 2020
Première le 9 décembre 2020 au TGP, centre dramatique national de Saint-Denis (93)
pour tout public à partir de 9 ans
jauge : 350 (scolaires) 450 (tout public)
A la basse, François Delage (applaudissements), Philippe Draï, batterie, boites à rythmes (applaudissements), Richard Mortier, guitare rythmique (applaudissements), Christian Taurines aux claviers et sax (applaudissements) et Olivier Guindon à la guitare (applaudissements et reprise du refrain) Bijou bijou, te réveille pas surtout …
Alain Bashung (live tour ’85)
L’écriture, elle doit être si fine qu’on la voit presque pas.
C’est l’histoire d’un spectacle qui commence par les saluts.
Dans l’ivresse des applaudissements, un jeune homme s’étourdit, tombe épuisé sur la scène et s’endort.
Profitant de la capacité d’invention et de la force d’illusion qu’offre l’espace théâtral, ses camarades de scène vont le rejoindre dans la forêt inextricable du sommeil et l’accompagner dans ses songes, en prenant l’aspect de personnages inspirés de figures du conte et du théâtre. Il veut y vivre le jour de sa vie.
Mais comme dans toute pièce de théâtre, il y aura un couteau posé au centre de la scène qui attend l’heure du crime, et une scène d’amour, écrite sur un coin de table et dont l’encre n’est pas encore sèche, qui sauvera l’histoire d’un dénouement tragique. Est-ce pour le crime ou pour l’amour que le jeune homme est là ? Doit-il se réveiller pour éviter qu’un cauchemar ne surgisse ? Ou bien doit-il attendre endormi que le rêve s’accomplisse ?
Il trouvera refuge auprès d’une petite bande de sans-le-sou qui le conduiront jusqu’à son réveil pour qu’il puisse revenir sur la scène de la vie.
Dormir sur le côté filtre l’entrée des rêves dans l’enceinte du sommeil.
Inspirés des fées penchées sur le berceau de La belle au bois dormant, nos personnages se penchent sur le sommeil d’un garçon qui se berce d’illusions.
Le temps de l’adolescence est un temps de grand épuisement. Aux tempêtes intérieures répond un état d’hibernation. Dans cet extrême ralenti de la vie, l’existence apparaît sous la forme d’un rêve éveillé dans lequel règne un grand désordre et une grande confusion. Comment cheminer dans ce moment de total abandon de soi pour qu’au réveil on puisse trouver un sens à sa vie et qu’autour de nous, le monde soit enfin apaisé ?
Le théâtre, c’est pas faire semblant, c’est faire exprès.
À travers l’histoire d’un spectacle qui commencerait par la fin, c’est notre histoire du théâtre que nous aimerions raconter, nourrie de nos souvenirs et nos émotions de spectateurs, de notre parcours de compagnie sur les scènes depuis plus de 20 ans.
En nous réunissant au même endroit au même moment pour partager un événement unique, le théâtre nous rappelle la nécessité que nous avons de vivre ensemble. Il possède cette formidable faculté à nous conjuguer au présent, où tout peut être fait et défait d’un seul mot, où tout peut s’inventer selon les circonstances, où l’on ne sait jamais ce que la vie peut nous réserver, comme au matin d’une journée nouvelle.
Les trois filles, penchées sur un couteau posé au centre de la scène.
JULIETTE : Tiens ! C’est pas un couteau, ça ?
CATHERINE : Si, on dirait bien un couteau.
DÉBORAH : Qu’est-ce qu’il fait là, ce couteau ?
CATHERINE : Faut pas laisser traîner les couteaux comme ça !
Jean Louis entre.
JEAN-LOUIS : Il est à cinq lames, le couteau ?
JULIETTE : On dirait.
JEAN-LOUIS : Alors n’y touchez pas ! On ne sait pas à qui il est destiné. Faites comme s’il n’était pas là !
Jean-Louis s’approche des trois filles.
JEAN-LOUIS : Dites, vous trois !
CATHERINE : Oui ?
JEAN-LOUIS : On se connaît bien, toutes les quatre !
DEBORAH : Sûr !
JEAN-LOUIS : On a déjà fouetté pas mal de chats, toutes ensemble !
JULIETTE : Ça oui !
JEAN-LOUIS : Qu’est-ce que vous bricolez, en ce moment ?
JULIETTE : Pas grand chose !
JEAN-LOUIS : Alors, je vous le demande.
DÉBORAH : Deux-points, ouvrez les guillemets !
JEAN-LOUIS : Vous voudriez pas être mes filles ?
LES FILLES : Tes filles ?
JEAN-LOUIS : Maintenant que les théâtres sont ouverts !
CATHERINE : Mais on a passé l’âge.
JEAN-LOUIS : On pourrait tenter le coup.
JULIETTE : T’es trop vieux, maintenant.
Jean-Louis désigne Johann endormi.
JEAN-LOUIS : Pour ce jeune homme qui va mal tourner.
CATHERINE : C’est pas possible, on te dit.
JEAN-LOUIS : Et qui erre comme une âme en peine dans cette nuit profonde.
DÉBORAH : Désolé, Jean-Louis, c’est trop tard.
JEAN-LOUIS : Ou bien alors, vous voudriez pas que je sois votre père ?
LES FILLES : Notre père ?
JEAN-LOUIS : Si vous préférez !
CATHERINE : Mais si on est tes filles, tu seras forcément notre père.
JEAN-LOUIS : Pas si sûr !
JULIETTE : Explique-nous ça !
JEAN-LOUIS : Parce que les deux, ça n’irait pas ensemble !
CATHERINE : Tiens donc !
JEAN-LOUIS : Eh oui ! Entre le père et les filles, ce serait toujours la guerre.
DÉBORAH : Tu vois ? Tu nous renies déjà.
JEAN-LOUIS : Et c’est le monde entier qui risque d’en payer les conséquences.
CATHERINE : On voit pas ce que le monde entier vient faire dans nos histoires de famille.
JEAN-LOUIS : Parce que moi, je serai pas n’importe qui.
JULIETTE : Tu serais quoi ?
JEAN-LOUIS : Je serai le roi.
LES FILLES : Le roi ?
JEAN-LOUIS : Oui ! Tout ça, ce serait à moi.
JULIETTE : Non ?
JEAN-LOUIS : On est au théâtre, là.
CATHERINE : Mais ça change tout, ça.
JEAN-LOUIS : N’est-ce pas ? Alors, qu’est-ce que vous choisissez ? Vous êtes mes filles ou je suis votre père ?
LES FILLES : Les deux !
JEAN-LOUIS : Vous avez pas froid aux yeux, vous !
DÉBORAH : Au théâtre, faut toujours que ça commence par un problème.
CATHERINE : Chantons sous la pluie !
Ils se mettent tous à chanter une vieille chanson anglaise, en enfilant de belles robes de bal. Jean-Louis aussi.
Ils se penchent sur Johann endormi.
CATHERINE : Suivons-le dans son sommeil !
JULIETTE : Accomplissons ses rêves !
DÉBORAH : Berçons-le d’illusions !
JULIETTE : Pour le meilleur et pour le pire !
JEAN-LOUIS : Rendez-vous à la cour !
Jean-Louis sort.
Les filles vont se mettre en place.
…
Les trois filles, penchées sur le couteau.
JULIETTE : Un couteau à cinq lames ?
CATHERINE : Oui !
JULIETTE : Ça en fait pile une pour chacun.
CATHERINE : T’as tout deviné.
DÉBORAH : J’aimerais pas tomber sur le tire-bouchon, moi.
CATHERINE : Tout le monde aura son compte.
Elles sortent.
…
Déborah se retourne vers Johann.
DÉBORAH : T’arrête de me coller comme ça !
JOHANN : C’est toi qui m’as dit « Samuel ! Samuel ! » ?
DÉBORAH : C’est pas une raison pour me coller comme ça.
JOHANN : C’est pas moi qui te colle.
DÉBORAH : C’est quoi alors ?
JOHANN : C’est toi qui m’attires.
DÉBORAH : T’as une drôle de façon de voir les choses.
JOHANN : J’y peux rien.
DÉBORAH : Faut pas te croire tout permis !
JOHANN : C’est plus fort que moi.
DÉBORAH : Eh ben, attire-toi un peu plus loin !
JOHANN : Je vois pas en quoi ça te dérange.
DÉBORAH : Pourquoi ?
JOHANN : Parce que t’es la fille de mes rêves.
DÉBORAH : Et alors ?
JOHANN : Si t’es la fille de mes rêves, donc t’existe pas.
DÉBORAH : Ah ouais ?
JOHANN : Ouais !
DÉBORAH : Pourtant, je suis bien là quand même.
JOHANN : Justement ! Je pensais pas tomber sur toi comme ça.
DÉBORAH : Et ça veut dire quoi, pour toi, que je sois la fille de tes rêves ?
JOHANN : Idéalement ?
DÉBORAH : Concrètement !
JOHANN : Ça veut dire que si tu me fiches une claque, là, maintenant, je vais rien sentir du tout.
DÉBORAH : Ah ouais !
JOHANN : Ouais !
DÉBORAH : Et pourquoi je te ficherai une claque, là, maintenant ?
JOHANN : Parce que je t’aime.
Déborah lève la main.
…
JEAN-LOUIS : Le monde est une grande bibliothèque. Chacun de nous en est un livre. Il est plus ou moins gros, selon l’âge qu’on a.
DÉBORAH : Toi, Jean-Louis, t’auras été un sacré best-seller.
CATHERINE : Ça l’a pas rendu plus intelligent pour autant.
JEAN-LOUIS : Alors que Morgane n’aura été qu’une simple page.
MORGANE : On dit un page.
JEAN-LOUIS : Y a pas de petit chef-d’œuvre.
DÉBORAH : Moi, j’en serai restée à la page 35.
CATHERINE : C’est court, les romans d’amour.
DÉBORAH : J’aurais bien aimé savoir la suite.
MORGANE : Rien que d’en parler, on se sent déjà quelqu’un.
DÉBORAH : Et toi, Catherine ?
CATHERINE : Les chiens, ça sait pas lire.
JOHANN : Et aucune ligne sur moi !
Morgane se met à pleurer.
MORGANE : Quand je pense qu’il y en a des millions, on les a brûlés.
Texte : Philippe Dorin
Mise en scène : Sylviane Fortuny
Avec
Jean Louis Fayollet
Déborah Marique
Catherine Pavet
Morgane Vallée
Johann Weber
Scénographie : Sylviane Fortuny et Sabine Siegwalt
Lumières : Kelig Le Bars
Costumes : Sabine Siegwalt
Musique : Catherine Pavet
Vidéo : Matthieu Berner
Régie générale et lumière : Jean Huleu / Leo Grosperrin
Régie plateau : Franck Pellé
Assistant à la mise en scène : Simon Gelin
Coaching vocal : Anna Hornung
Coproduction :
Théâtre de la Cité, centre dramatique national de Toulouse – 31
TGP, centre dramatique national de Saint-Denis – 93
Théâtre des Bergeries – Noisy le sec – 93
MAC – Maison des Arts de Créteil – 94
Les 3T, scène conventionnée de Chatellerault – 86
Théâtre des 4 saisons – Gradignan – 33
Avec l’aide de la région Ile de France
Autres partenaires :
Théâtre du Nord, centre dramatique national de Lille – 59
Comédie de Saint-Etienne, centre dramatique national – 42
TNP, Théâtre National Populaire – Villeurbanne – 69
Centre culturel Jean Houdremont, scène conventionnée – La Courneuve – 93
ECAM, théâtre du Kremlin-Bicêtre – 92
Théâtre de Fos-sur-mer – 13
L’Hexagone, scène nationale de Meylan – 38
Théâtre de Meudon – 92
Service culturel – Ville de Pantin – 93
Théâtre Louis Aragon, scène conventionnée de Tremblay-en-France – 93
Le texte est publié à L’école des loisirs – théâtre
Philippe Dorin a bénéficié du programme de résidences d’écrivains de la région Ile de France pour l’écriture du texte
Bijou bijou, te réveille pas surtout la dernière pièce de Philippe Dorin mise en scène par Sylviane Fortuny, complice de longue date, ouvre les yeux, baille et s’étire. pour s’offrir enfin aux enfants. Une première encore balbutiante mais joliment taillée dans l’étoffe des songes de l’enfance.
Sur le vaste plateau, un tapis de terre installe un paysage sans âge, un pays sans nom, une page blanche où tout reste à écrire, l’origine de toutes les histoires possibles, terre d’accueil pour un imaginaire fertile. En fond de scène, un rideau lourd, opaque, horizon de théâtre riche de projections imaginaires millénaires, s’étire tout du long et transmet sa chaleur à ce champ en friche. Un coffre ouvert côté jardin baille ses mystères. Côté cour, une penderie charrie des costumes en attente de corps, une table à repasser comme un radeau abandonné trône dans son coin… Un jeune homme endormi ouvre un œil puis deux, se lève enfin. Trois femmes allongées s’éveillent elles aussi. Qui sont-ils ? Sont-ils tous bien réels, bien réveillés ou rêvent-ils encore peut-être ?
Philippe Dorin n’aime rien tant que sortir la langue de sa gangue réaliste, la faire jouer et résonner, désaxer les expressions toutes faites, titiller le son et le sens, pour en extraire la sève poétique et la saveur ludique. Sa pièce n’a rien d’un récit calibré et chronologique, avec personnages identifiés et intrigue construite, au contraire. Ici, on se demande si le début ne serait pas plutôt la fin et l’on navigue à tâtons d’une scène à l’autre sans lien logique apparent. Car s’il y a bien un principe auquel semble se soumettre l’écriture, c’est bien celui, onirique et surréaliste, des chemins de traverse. Exit les transitions, les enchaînements, les chevilles de compréhension. Bienvenue dans la psyché du théâtre, ce royaume de rêves où quiconque peut être roi, où les couteaux parlent en attendant l’heure du crime, où des brassées de larmes s’épanchent au fond d’un seau.
Ce spectacle-là ne marche pas droit ni au pas, il titube, tombe, se relève, esquisse un concert de rock, une joute au fleuret, un banquet sans mets, il balade ses rêves en landau et réveille ses morts pour un dernier mot. Des robes blanches y virevoltent comme des cerfs volants sur la plage, une nappe tombe des cintres comme un linceul en mal de défunt, la vaisselle est en papier, le sang a la couleur de la betterave, le feu n’est qu’un faux semblant mais la fumée sent le brûlé, un chien court sur deux pattes, souffler sur la poussière a des airs de prière…
L’esthétique du spectacle est de toute beauté, la plume de Philippe Dorin emmène loin, au large du réel, et recèle des merveilles. Les comédiens manquent parfois de clarté dans leur diction, on les sent encore engoncés dans leur chrysalide, le temps de se familiariser avec le public, de donner le ton et le rythme d’ensemble. Si leur jeu pêche par endroit d’être trop anecdotique par rapport à l’écrin poétique qu’ils habitent, il n’est pas dénué de fulgurances délectables tantôt drôles tantôt surprenantes. S’il a encore besoin de se rôder, de se densifier un peu plus, Bijou bijou, te réveille pas surtout ravit les yeux et les oreilles de son imaginaire singulier emprunté aux contes et aux chimères de l’enfance. Il est une échappée bienfaisante de l’autre côté du miroir, où la vie est un songe.
Marie Plantin – www.sceneweb.fr – décembre 2021
« Pas de belle au bois dormant dans cette pièce, mais un bel endormi qui se rêve roi du monde. Sortis de contes, des personnages comme un chien qui joue de la trompette, un vieux roi ou des princesses sont conviées ou s’invitent dans le songe. Chacun y interprète un rôle, puis un autre, participe en chanson, se transforme … la rêverie pouvant, au gré de l’imaginaire, basculer à tout moment dans le cauchemar. Et comme au théâtre, tout peut arriver, tout arrive ! L’auteur, Philippe Dorin, et la metteuse en scène, Sylviane Fortuny, racontent dans cette dernière création les bouleversements intérieurs, le bouillonnement de l’adolescence, mais aussi l’histoire de leur théâtre qu’ils écrivent depuis plus de vingt ans. la clé ? Faire travailler l’imaginaire des enfants en leur donnant des pistes d’explorations. » TT
Françoise Sabatier-Morel – Télérama sortir – décembre 2021
Hazebrouck– Centre André Malraux, Scène(s) de Territoire – 59
Dimanche 7 mai à 17h
plus d’infos
Fos-sur-Mer – Le Théâtre, Scènes et Cinés – 13
Vendredi 12 mai 14h30 et 19h
plus d’infos
La Courneuve – Centre culturel Jean Houdremont, scène conventionnée – 93
19 novembre 2021 à 14h30 et 19h
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Saint-Denis – TGP, centre dramatique national – 93
le 8 décembre à 15h
le 9 décembre à 10h
le 11 décembre à 16h
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Toulouse – Théâtre de la Cité, centre dramatique national – 31
reporté en avril 2023
le 19 janvier à 19h
le 20 janvier à 10h et 14h30
le 21 janvier à 10h
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Tremblay-en-France – Théâtre Louis Aragon – 93
le 2 février à 15h
le 3 février à 10h et 14h30
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Gradignan – Théâtre des 4 saisons, scène conventionnée – 33
le 6 février à 17h
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Chatellerault – Les 3T, scène conventionnée – 86
le 6 mars 2022 à 16h
le 7 mars 2022 à 10h et 14h30
Noisy le sec – Théâtre des Bergeries – 93
le 11 mars à 10h30 et 14h30
le 12 mars à 19h30
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Créteil – MAC, scène nationale – 94
Le 30 mars à 14h30
Le 31 mars à 10h30 et 14h30
le 1 avril à 10h30 et 14h30
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Pantin – Théâtre du Fil de l’Eau – 93
le 7 avril à 14h45 et 20h
le 8 avril à 14h45
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Villeurbanne – TNP, théâtre national – 69
le 19 mai à 14h
le 20 mai à 14h et 19h
le 21 mai à 19h
Le 23 mai à 9h30 et 14H
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