Philippe Dorin, auteur
Philippe Dorin est né en novembre 1956 à Cluny (71). Il travaille d’abord comme auteur et comédien au Théâtre Jeune Public de Strasbourg, entre 1980 et 1990, sous la direction de André Pomarat et Eric de Dadelsen.
En 1994, il rencontre Sylviane Fortuny avec qui il fonde la compagnie pour ainsi dire à Paris en 1997.
Il écrit également pour d’autres compagnons metteurs en scène parmi lesquels Michel Froehly (Bouge plus ! 2004, Christ sans hache 2006, One two one two three four 2009, A table ! 2012), Ismaïl Safwan de la Cie Flash Marionnettes, (Babel France 1999, Les Enchaînés 2007, 2084, un futur plein d’avenir 2010, 4M4A 2012), Thierry Roisin de la Comédie de Béthune – CDN (Deux mots 2009).
Dernièrement, il a aussi écrit des livrets d’Opéra pour l’ARCAL, Les époux (2010 – mise en scène Christian Gangneron), Le Carrosse d’Or et Ars Nova, Courte longue vie au grand petit roi (2014 – mise en scène Neville Tranter), Le Fracas (CDN de Montluçon) et l’Opéra de Saint Etienne, Patoussalafoi (2015 – mise en scène Johanny Bert).)
Il est auteur engagé au Théâtre de l’Est parisien dirigé par Catherine Anne en 2004/2005, qui accueillera la plupart de ses spectacles jusqu’en 2010.
Ses textes, publiés pour la plupart à L’école des Loisirs, sont montés par de nombreuses autres compagnies en France parmi lesquelles la Cie La Rousse (Nathalie Bensard) et la Cie Les Veilleurs (Emilie Leroux), et le Théâtre des Deux Mondes à Montréal (Eric Jean).
Prochaines et principales productions en cours (autres qu’avec la compagnie pour ainsi dire) :
Dans ma maison de papier, j’ai des poèmes sur le feu - mise en scène de Julien Duval (TNBA, Bordeaux) automne 2020
Fin de la 4e partie – mise en scène de Magdi Rejichi (cie Peanuts) – Théâtre Massalia (Marseille) saison 20/21
Bibliographie
À L’école des loisirs – Théâtre
Bijou bijou, te réveille pas surtout ! - 2021
Le chat n’a que faire des souris mortes – 2017
Courte longue vie au grand petit roi - 2017
Dans la vie aussi, il y a des longueurs (conférence) – 2015
Soeur, je ne sais pas quoi frère – 2013
2084 – 2012
Abeilles, habillez-moi de vous – 2010
L’hiver, quatre chiens mordent mes pieds et mes mains – 2008
Le monde, point à la ligne – 2007
Les enchaînés – 2007
(Prix de la médiathèque Armand Gatti – Cuers)
Ils se marièrent et eurent beaucoup – 2005
Dans ma maison de papier, j’ai des poèmes sur le feu – 2002
Un oeil jeté par la fenêtre – 1999
En attendant le Petit Poucet – 1999
Sacré Silence -1997
Aux Solitaires Intempestifs
One two, one two three four suivi de Deux mots – 2009
Bouge plus ! suivi de Christ sans hache – 2007
Aux Editions Théâtrales – Jeunesse
Deux citrons – 2012 (dans la collection « Si j’étais grand »)
Aux Editions La Fontaine
Villa Esseling Monde – 1989
Aux Editions du CNES – « La Chartreuse » Villeneuve-lez-Avignon
Philippe Dorin : itinéraire d’auteur n°9 – 2006
Commentaire
Auteur, c’est la petite place que j’ai pu me trouver pour entrer dans la famille du théâtre, il y a un peu plus de trente ans. Un peu comme lorsqu’on engage un batteur dans un groupe de rock. Ce n’est peut-être pas le meilleur batteur du monde, mais il a très envie de faire partie du groupe. Ce métier d’auteur, j’ai mis longtemps à l’apprendre. Je me suis trompé beaucoup. Mais comme tous les textes que j’écrivais au cours de cet apprentissage devaient s’adresser aux enfants, on peut dire que ce sont eux qui m’ont appris mon métier d’écrivain. Le jour ou l’adulte que j’étais et les enfants à qui je m’adressais se sont retrouvés autour des mêmes mots, je crois que je suis devenu écrivain. Sans doute parce qu’ils ne nous racontaient pas la même histoire, mais qu’ils étaient notre tronc commun. Ecrire, c’est toujours la question de la métaphore.
Mon désir est toujours d’écrire une belle histoire pour les enfants, avec un début et une fin, de beaux personnages qui traversent de grandes épreuves, avec des rebondissements, de grandes batailles et la conquête d’un beau royaume à la fin, et peut-être même le cœur d’une jolie princesse à la clé. Mais je n’y arrive jamais. C’est sans doute ça qui me sauve. Les scènes m’arrivent dans le plus grand désordre. Elles se contredisent sans cesse. Les personnages ne racontent jamais la grande histoire. Ce sont juste des petits commentaires qu’ils font, des bavardages inutiles sur des détails sans importance, un peu comme des enfants à qui vous voulez enseigner quelque chose d’essentiel et qui n’arrêtent pas de faire des remarques sur la tenue que vous portez, les temps qu’il fait dehors ou qu’est-ce qu’on va manger ce soir. C’est peut-être ça, le détour de l’enfance, d’être toujours à côté du sujet principal, de regarder toujours ailleurs que là où on devrait. C’est ça aussi, la métaphore, que l’essentiel ne soit jamais dit. Le résultat, c’est que je me retrouve toujours avec un paquet de scènes surgies de nulle part, toutes hors sujet, très loin de la belle histoire que je m’étais fixée au départ et de l’idée que je me fais du métier d’auteur. Mais ça vient du cœur, sans préméditation, un peu comme les enfants qui disent tout haut et très fort les choses qu’on ne doit pas dire, en tout cas pas comme ça, ni à ce moment là.
Quand on écrit pour les enfants, rien que pour les enfants, on est moins bien considéré. On est moins regardé comme « auteur principal ». C’est peut-être aussi ça qui me sauve. Parce que je peux faire un peu ce que je veux. On ne m’attend pas au coin du bois. J’ai une grande liberté. Je fais mes petites salades. Ça ne me pèse pas. Et, au bout du compte, je m’en fous un peu de l’être ou pas, écrivain.
Philippe Dorin
Table ronde autour des écritures théâtrales jeunesse
Théâtre de la Ville – 17 avril 2013